Les prochaines élections législatives font progressivement monter le mercure politique et chaque chapelle peaufine ses stratégies afin de ne pas faire piètre figure à ce scrutin majeur. Au niveau du parti de l’opposition radicale dénommé « Les démocrates », l’heure est à la remobilisation des troupes. A la faveur d’une rencontre avec les militants du parti le week-end dernier, le président Eric Houndété a clairement décliné les intentions de la formation politique : aller au Parlement avec une majorité absolue de députés. Une ambition noble mais…
Les élections législatives annoncées pour se tenir le 08 janvier 2023 risquent de ne pas être un dîner de gala encore moins une simple partie de plaisir. Le challenge s’annonce corsé et sans merci au regard des ambitions affichées de part et d’autre. Si à priori les choses semblent aisées pour les partis de la mouvance, en l’occurrence l’Union progressiste (Up) et le Bloc républicain (Br) en raison de leur relative avance sur l’échiquier politique, ce n’est pas le cas de certains partis de l’opposition qui se doivent de rattraper leur retard. C’est notamment le cas du parti « Les démocrates », qui a d’ailleurs pris toute la mesure de l’enjeu en initiant une tournée de remobilisation des militants sur toute l’étendue du territoire national. C’est justement au cours de l’une de ses sorties politiques que le parti a dévoilé ses ambitions pour le prochain scrutin. Un rendez-vous capital que le parti n’entend rater pour rien au monde. Inutile de rappeler que les bras de fer et les tiraillements autour de la réforme du système partisan intervenue courant 2018 ont occasionné une profonde crise au sein de l’opposition dite radicale qui n’a fait que constater bien plus tard et non sans regret, les dégâts de son intransigeance à travers son absence aux différents rendez-vous électoraux. Face aux militants de la 15ème circonscription électorale ce week-end, Eric Houndété a vertement lancé les défis. « Il n’y a rien de pire que d’être à l’Assemblée nationale en position minoritaire », a martelé l’ancien vice-président du Parlement pour qui l’enjeu des prochaines élections est de taille dans le repositionnement du parti et l’amorce d’une nouvelle ère politique. « Il ne faut pas que nous soyons minoritaires. Nous devons gagner partout. Vous devez faire en sorte que nous gagnions dans l’ensemble du pays», a lancé le premier responsable du parti « Les démocrates » qui a invité les militants à se tenir mobilisés et prêts pour relever ce défi.
Rêves en couleurs
La politique est par essence un espace permanent de compétition et de conquête du pouvoir. Vu sous cet angle, l’ambition du parti « Les démocrates » est totalement légitime et en parfaite adéquation avec la philosophie politique. Un parti politique se crée non seulement pour animer la vie politique d’un pays, mais aussi et surtout pour conquérir le pouvoir et l’exercer. Etant donné qu’on ne va pas à une élection pour perdre, le parti « Les démocrates » n’a rien dit d’extraordinaire qui soit contraire à la logique politique. De ce point de vue, Eric Houndété et les siens sont totalement fondés à se fixer des objectifs clairs ambitieux vis-à-vis des prochaines élections législatives étant donné qu’ils y jouent leur survie sur l’échiquier politique. Ces élections sonnent en effet comme un match d’avant date ou une demi-finale de l’élection présidentielle de 2026. Malheur donc à ce parti qui, après les nombreux déboires subis, n’arrivait pas à remonter la pente pour matérialiser et marquer son ancrage national. Cependant, entre le projet ou l’ambition annoncée et sa concrétisation, il y a un faisceau de situations ou de circonstances qui pourraient faire douter de la réelle capacité du parti à damer le pion à ses challengers qui ne sont autre que les deux mastodontes de la sphère, l’Up et le Br. Il est un secret de Polichinelle que les rapports de force sont loin d’être favorables au parti d’Eric Houndété qui se trouve amputé d’un lot de cadors politiques contraints à l’exil ou en prison. La présence de ces derniers aurait inéluctablement constitué une plus-value pour ce parti qui ambitionne de faire bouger les lignes au terme des élections. En plus de ce facteur qui fait douter de la capacité du parti à changer la donne en obtenant la majorité au scrutin, au soir du 08 janvier prochain, l’autre handicap non moins important reste le financement. Cette question reste et demeure une véritable équation pour le parti ainsi que d’autres formations politiques qui ne bénéficient pas du financement public des partis. Du coup, quels que soient le degré d’engagement et la motivation des leaders du parti, leur marge de manœuvre s’en trouve forcément réduite face à l’Up, au Br ou encore à la Fcbe tous bénéficiaires du financement. Débourser plus de 160 millions de caution pour aller aux élections n’est pas une tâche aisée pour un parti de l’opposition surtout qu’en plus de ce montant, il faudra résoudre l’équation des frais de campagne. Tous ces facteurs amènent à nourrir un brin de scepticisme quant à l’ambition du parti « Les démocrates » d’inverser la tendance au Parlement à l’issue des prochaines élections législatives. Le rêve parait surréaliste et l’ambition démesurée au regard du contexte. Mais impossible n’étant pas politique, wait and see.
Abdourhamane Touré
Source: www.groupelematinal.com, Par Léonce ADJEVI